Le président français Jacques Chirac prononce un discours au Panthéon à Paris, le 18 janvier 2007
AFP - Mehdi Fedouach
Le chef de l'Etat et Simone Veil ont dirigé durant une heure une cérémonie nationale d'hommage au Panthéon, en présence d'un millier d'invités, ponctuée d'un film de la cinéaste Agnès Varda sur ces anonymes qui ont sauvé des Juifs.
A l'issue de cette cérémonie, accompagnés de quatre enfants --deux petits-enfants de Justes et deux descendants d'enfants juifs alors sauvés-- ils se sont recueillis dans la crypte du Panthéon devant une inscription rappelant que les Justes, "bravant les risques encourus, ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité".
Dans l'assistance, outre le gouvernement et les principales autorités religieuses du pays, les anciens Premiers ministres Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, Laurent Fabius, le prix Nobel Elie Wiesel, le cinéaste Roman Polanski, des Justes et leurs descendants ont écouté successivement Simone Veil et Jacques Chirac évoquer la "lumière" que représentent ces Justes.
"A un moment où montent l'individualisme et la tentation des antagonismes, ce que nous devons voir, dans le miroir que nous tend le visage de chaque être humain, ce n'est pas sa différence mais ce qu'il y a d'universel en lui", a souligné M. Chirac, ajoutant qu'"à ceux qui s'interrogent sur ce que c'est d'être Français, à ceux qui s'interrogent sur les valeurs universelles de la France, vous, les Justes, avez apporté la plus magnifique des réponses, au moment le plus noir de notre Histoire".
Le chef de l'Etat a réitéré son refus absolu du racisme et de l'antisémitisme, car "si l'on transige avec l'extrémisme, on lui offre un terreau pour prospérer et, tôt ou tard, on en paye le prix".
M. Chirac, qui fut en 1995 le premier président à reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs, a enfoncé le clou, évoquant "l'antisémitisme d'Etat" commis sous la collaboration, qualifiant le régime de Laval et Pétain de "clique revancharde et haineuse" et Vichy de "régime qui s'est déshonoré".
Mais il a aussi souligné "la lumière" de la France: "la majorité des Juifs assassinés ont été livrés aux Allemands par Vichy et les collaborateurs, mais la plupart des Juifs sauvés le furent par des Français".
"Plus que jamais, nous devons écouter votre message: le combat pour la tolérance et la fraternité, contre l'antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes, est un combat toujours recommencé".
Après ses interventions sur l'esclavagisme et le colonialisme notamment, ce discours s'inscrit dans l'entreprise du chef de l'Etat pour réconcilier le pays avec toute sa mémoire.
Très émue, Simone Veil, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, a dit les "respect, affection et gratitude" du pays envers les Justes.
"On ne saura jamais exactement combien vous êtes, a-t-elle ajouté, rappelant que grâce à ces "Français ordinaires", "les trois-quarts des Juifs de notre pays ont échappé à la traque".
Plus de 2.700 Français ont été reconnus officiellement comme "Justes parmi les Nations" par le Mémorial de Yad Vashem, en Israël, pour avoir sauvé des juifs persécutés, au péril de leur vie. Plusieurs centaines sont encore vivants.