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pradez27 over
René Pradez
Peintre de Puteaux
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 07:35
1  Sépulture au cimetière du Père Lachaise - 2    Autour de lui. Avec lui - 3 René Pradez, Liège1  Sépulture au cimetière du Père Lachaise - 2    Autour de lui. Avec lui - 3 René Pradez, Liège
1  Sépulture au cimetière du Père Lachaise - 2    Autour de lui. Avec lui - 3 René Pradez, Liège

1 Sépulture au cimetière du Père Lachaise - 2 Autour de lui. Avec lui - 3 René Pradez, Liège

4  Camille Renault -                       5 Période des Longs Cous                       4  Camille Renault -                       5 Période des Longs Cous

4 Camille Renault - 5 Période des Longs Cous

6  La Femme aux bras levés - 7  Nu, La Réponse de la Sphynge - 8  Figures, série Les Grandes Têtes  6  La Femme aux bras levés - 7  Nu, La Réponse de la Sphynge - 8  Figures, série Les Grandes Têtes
6  La Femme aux bras levés - 7  Nu, La Réponse de la Sphynge - 8  Figures, série Les Grandes Têtes

6 La Femme aux bras levés - 7 Nu, La Réponse de la Sphynge - 8 Figures, série Les Grandes Têtes

Je me souviens… Il faut se souvenir pour que les générations à venir, pour que les historiens de l’Histoire de l’Art de demain, voire des siècles à venir, confrontés au silence fait sur ce peintre et son œuvre par ses contemporains ; sidérés par les conditions de traitement de la sauvegarde de ses toiles et la diffusion de sa création, trouvent malgré tout les moyens de réhabiliter cet homme. Le placer à sa juste place, celle d’un des plus grands peintres de sa génération, rattaché au groupe de Puteaux, par son lien pictural et amical avec Camille Renault. Son nom ? René Pradez.

Je me souviens… 1963, le cortège funéraire de Jacques Villon passant devant La Mairie de Puteaux, suivi par un long cortège d’habitants qui, après 50 ans d’ignorance, dans les dernières années de sa vie, avaient découvert qu’ils avaient parmi eux un être d’exception, discret et raffiné qui avait poursuivi son œuvre, sans mendicité d‘honneur.

3 avril 2013, René Pradez quitte la ville de Rueil-Malmaison où il est mort aussi discrètement, sans tapage ni revendication. Quelques amis étaient là. Les Putéoliens ne savaient pas qui ils perdaient en dehors de quelques personnes. Il est fort possible que ce Maître de la Peinture devra attendre lui aussi une cinquantaine d’années pour que son œuvre et son nom ne réémergent. Les erreurs se renouvellent comme si les enseignements ne pouvaient se tirer. Sauf à supposer un sursaut de conscience concernant ce patrimoine qui a déjà été abîmé par des dégâts des eaux et un redoutable excès d’humidité dans un local inadapté.

Je me souviens, en ce début d’avril, ce cercueil de chêne. Le Peintre a cessé de se défaire, écrasé de fatigue depuis deux ans, avalé, dépecé par l’effroyable maladie de Parkinson, qui ne l’a pas empêché pourtant, jusqu’aux trois derniers mois de son existence, de dessiner encore. Une longue série de Têtes tourmentées dont on ne sait si elles annoncent les monstres du fanatisme à venir ou les pulsions sombres de l’homme qui ruinent toujours la paix, l’harmonie des rapports fraternels, ou lui dans son calvaire. Peut-être tout à la fois.

Cimetière du Père Lachaise. Un mercredi superbe. Une fin de matinée. René Pradez, accompagné de la musique de Miles Davis, sous un ciel d’azur de splendide limpidité, rejoignait ses illustres prédécesseurs et ancêtres, son grand-père, le Docteur Joseph Fège, Maître Massothérapeute, médecin personnel du sculpteur Émile Bourdelle, contemporain de Rodin, dans cette sépulture familiale de 1880 d’Auguste Desruaulx, orientée sud-ouest, tournée vers Paris. Nid de verdure de cette 54E Division où reposent, à côté de lui, tant de personnalités d’exception, de Marie d’Avoult au Duc de Morny, au Précepteur Réaume chargé de l’Éducation d’enfant de roi, de Dumas , Record le médecin de la syphilis, de tant d’autres, ses voisins, proches d’Eugène Delacroix, Balzac et Nodier. Bientôt, à la 52E Division, à quelques rangs, les victimes des Attentats de Paris et bon nombre de ceux qui, par leur travail et leur esprit, comme lui, ont contribué à la construction des savoirs du monde.

Il emportait avec lui le secret de son art. Un immense artiste qui depuis 50 ans s'était installé à Puteaux, 50 ans de travail acharné. Une longue patience, une marche déterminée. Celle du para-commando qu’il était, portant barda et marchant droit, franchissant les obstacles sans mollir, refusant plaintes et pleurs, jérémiades et cheveux « à ne jamais couper en quatre pendant la bataille » disait-il souvent.

Je me souviens. Il revenait sans cesse sur ses toiles, recherchant le moment où elles-mêmes, dans leur inachèvement, lui donnent le signe de leur achèvement. Prendre, reprendre, biffer, alléger, composer, construire. Travail d’orfèvre à la pointe des pinceaux de martre qui offrent la souplesse attendue. Grands aplats nourris de lumières puisées dans les milliers d’heures à contempler la nature, à en déchiffrer les secrets de lumières, face à L’Amérique, sur les pointes les plus avancées du Château de Dinan, à la Pointe extrême du Finistère. Sculpteur, musicien dans l’âme, piètre bricoleur mais immense artisan, je sais qu’il s'est donné corps et âme jusqu'à épuisement, travaillant dans des conditions extrêmes dans son Atelier 51 rue Pasteur, sans eau, sans lumière sinon naturelle. Étuve l'été, glacière l'hiver. L’on m’a raconté que ses nuits étaient peuplées de cauchemars 30 ans avant la destruction du 18 novembre 2015 de son Atelier, où il voyait les grues arrivées et les terres éventrées, son lieu mis en lambeaux, néantisé. Il ne bougeait pas car il fallait que du temps lui soit tout de même accordé pour mener au plus loin ce qu’il avait à faire, ce pour quoi il se disait seulement le médium, ne se nommant jamais artiste, terme pour lui outrageusement galvaudé. Pas même inscrit comme tel pour quelques allocations. Jamais encarté, riant de ceux qui s'auto-proclamaient ainsi plus portés par une ambition que par une Maîtrise réelle de la Peinture et du Dessin. La Maîtrise ? Vraiment une autre histoire. La consécration de sa vie, avec un je-ne-sais-quoi d'ineffable. C’est ainsi que si l’on met en perspective ses œuvres, celles de Villon, de Léger, de Kupka, et de ceux qu’on dit former le Groupe de Puteaux, l’on voit que sa propre création n’a rien d’inférieur, loin s’en faut. Le dessin chez lui prolonge une géométrie des plus complexes Ses huiles explorent le Visage en allant au plus loin des subtilités de la couleur, avec des attaques de notes d’une rare nuance. Les séries se déploient dans des rayonnements où le pastel, apportant sa douceur, devient Lumières. Le trait n'est ni lourd, ni mou mais incisif et précis, par la légèreté de la main et du geste, l'acuité de l’œil et du regard. Mettre en miroir les tableaux, dessins ou lithographies de Villon, de Metzinger, de Reynold Arnould, de Chevolleau, Bierge et les autres, et l’œuvre de René Pradez, c'est s'offrir une polyphonie de grand luxe.

Je me souviens. Chez ma mère Léone, c’était un festival de paroles avec lui, l’art et les œuvres étaient mis en histoire. Les Chefs d’œuvre expliqués, décortiqués, les esthétiques livrées, les impostures dénoncées, les convictions affirmées avec une force de centaure. Rires, vins, mots d’esprit, taquineries. L’enfant rebelle et taquin avait grandi mais dans les yeux et la voix la même subversion ludique inondée de bonté, soutenue par cette aristocratie de l’esprit qui était la sienne. Il n’empêche que l’homme était d’une profondeur d’exception.

Rien n’a empêché, qu’en solo, il ne porte son œuvre, vent debout. Car son œuvre s’est bien faite seule, en dehors de toute École, en réalité. En rien son esprit ni les possibilités offertes par le temps ni les écarts de générations. René Pradez, venant, de Liège, à 30 ans était déjà un peintre accompli et un homme déjà enrichi de maintes expériences fortes, de tout ordre dont artistiques. Pareil aux plus grands alpinistes, il traçait sa voie, sans garde-fous et constituait, dans le silence de son Atelier, les marques d’une nouvelle avant-garde.

1965, les Hommes-Oiseaux, rapaces prémonitoires des prédateurs d’aujourd’hui que le monde engendre pour d'immenses désarrois individuels et collectifs. Figures du Mal en soi, de cette énergie négative qu’il est possible d’inverser vers les valeurs fraternelles si l’on sollicite sa conscience et sa volonté. Ni message, ni image, ni manifeste, ni militantisme. Seulement l’exploration des formes et des structures qui disent la complexité de l’Humain. René Pradez est Peintre et son exploration passe par les moyens de la Peinture qui n’est pas littérature. Mais matière spiritualisée qui porte le Sens.

1970, en parallèle à des nus très sensuels, Karine K. notamment, à des portraits de ses amis, Le Résistant Louis Berty, libérateur de la Mairie de Neuilly-sur-Seine, de Camille Renault, de Frédéric Lair et de tant d’autres, il entre dans sa recherche qui donne naissance à son ensemble des Figures, appelé encore Série Les Grandes Têtes. Recherche de la structure absolue, structures rayonnantes où se pose la question du point-limite entre l’apparaître de l’homme et son disparaître. Le hiératisme des personnages n’a rien de jugeant, de moralisateur, de dogmatique ou d’autocratique. Il s’agit pour le peintre de savoir jusqu’où peuvent se pousser les formes s’harmonisant entre elles à partir d’une géométrie secrète… Le mystère du nombre d’or. Monet avait révolutionné la Peinture autour du Paysage, le cubisme nourri du primitivisme africain des plus nobles, des plus inventifs, avait modifié les points de vue pour regarder l’objet. René Pradez, après la découverte des camps de la mort et l’effondrement des représentations classiques du Visage, repose la question plastiquement. Et y répond avec éclat par sa puissance de Peintre jusqu’au terme de sa vie.

Je me souviens. Un Atelier rempli d’œuvres, un ordre et une sérénité dans ce lieu, Un Atelier Magique comme dit L’Organiste, Interprète et Compositeur, Musicologue et haut Technicien, Maître Jean Guillou en y entrant, ému et sidéré par ces Regards et ces Présences.

Je sais par la biographie que j’apprends par bribes, immense, que René Pradez est un homme déclassé. Descendant de réfugiés du Languedoc, de William Cockerill, de Suisses du Canton de Vaud, lettrés, peintres, théologiens, épiciers et commerçants s'en allant vers le Brésil, défenseurs de l'abolition de l'esclavage sous le règne de Pedro III, de Liégeois, de Normands et de Parisiens illustres, il taisait ses héritages. Pour avancer, ne pas s'alourdir, ouvert à la modernité dont il était enceint. Comme Rembrandt parti dans le ghetto juif, renonçant à la mondanité et les commandes plus faciles pour y faire son œuvre la plus profonde, la plus révolutionnaire, il a quitté fortune, milieu culturellement très privilégié mais tourné vers les siècle précédents, pour affronter sa propre Aventure. En accord avec les hommes d’aujourd’hui et les générations qui vont avoir à lutter pour sauvegarder leur humanité et leur patrimoine, René Pradez, parmi ses pairs, pose la question du Sens et du Choix que chacun est appelé à rencontrer. Le Visage de l’Autre fonde en droit ma Liberté, ma Vérité.

Je me souviens. J’espère que d’autres se souviendront aussi, surtout s’ils ont dans leurs moyens la possibilité, responsables, de ne pas détruire cette œuvre par incompétences ou négligences, mais de la protéger et la faire connaître comme patrimoine universel pour lequel ils ont aussi une part de responsabilité. Partant, une part de leur rayonnement, voire de leur gloire par leur action, leur clairvoyance et leur nom laissés.

Gérald Lambilliotte

Photographies : remerciements à Karel Steiner (2) et Marie-José Pradez

9 Figures, Face-à-Face, série Les Grandes Têtes - 10 A Phidias -             11        La Femme et l'Enfant9 Figures, Face-à-Face, série Les Grandes Têtes - 10 A Phidias -             11        La Femme et l'Enfant
9 Figures, Face-à-Face, série Les Grandes Têtes - 10 A Phidias -             11        La Femme et l'Enfant

9 Figures, Face-à-Face, série Les Grandes Têtes - 10 A Phidias - 11 La Femme et l'Enfant

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commentaires

P
Très joli "je me souviens". Merci d'éclairer ainsi de vos mots ces toiles qui ne manquent pourtant pas de lumière. Je viens de découvrir l'oeuvre de René Pradez par l'un de ces détours heureux du destin, c'est sa tombe qui m'a, on ne peut plus littéralement, mené à son oeuvre et je suis ravi d'avoir pu grâce à vous en apprendre un peu plus à son sujet.
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